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Sur les pas des meuniers des 18ème et 19ème siècles.

Par Michel Bonnier extrait de son article "Moulins d'autrefois à Ruffigné et aux environs"

 

 

Au moulin du Pont

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En juillet 1796, le moulin  du Pont, une semaine après celui du Château, fut estimé par les mêmes experts 101 livres ce qui au denier 20 lui donnait une valeur de 2000 livres. Il comprenait le moulin et la maison qui sont dans le même bâtiment, les alentours immédiats (pré, jardin, chaussée) et de petites pièces de terres à proximité du village.(Le Moulin du Pont à Sion les Mines - Roger Cavé)  

 

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Au moulin à eau du Château en Sion

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Sion les Mines -  Cadastre de 1844 - Section K 1 Grenetière

 

Allons à la rencontre du meunier qui l’exploite en 1790. Il s’agit de Pierre Denis dont un fils donnera naissance à une lignée de Denis ruffignolais et autres apparentés [1], ce qui explique l’intérêt qu’il pourra susciter près de ses lointains descendants.

    Le 11 thermidor an 2 (Juillet 1794), Pierre Denis attendait de la visite. Toute une équipe devait venir estimer le moulin à eau du Château et ses dépendances, devenu « bien national provenant de l’émigré Louis Joseph Cappé (Capet) cy devant prince de Condé » Voila ceux chargé de de l’estimation arrivés : Julien Lemaître le maire de la commune accompagné de deux conseillers municipaux Chatelier et Grippay et des deux experts les deux Jambu : Pierre et Julien de Saint Aubin.

On peut souligner dans ces expertises le rôle joué par Julien Jambu nommé avec son frère expert par le district pour l’estimation des biens des émigrés pour la commune de Sion en particulier. Julien connaît parfaitement son affaire. Il achètera les deux tiers des propriétés de Condé mises en vente ce qui représente en volume 52 000 livres sur les 78 000. Connivence entre administrateurs, experts et bourgeois fortunés. Julien Jambu agit en réalité pour le compte de son beau père Louvrier habitant Nantes. Qui était le mieux informé sinon nos experts : Parmi ceux-ci outre les Jambu, citons J. Deluen, Julien Faucheux de l’Etollerie, Jean Hubert et Jean Faucheux de Ruffigné… Autant de laboureurs aisés qu’on retrouvera acquéreurs de biens de première ou de deuxième origine. Par ailleurs, la vente se passant au chef lieu de district à Châteaubriant, elle peut décourager les paysans. Outre le fait qu’il fallait disposer d’avoirs importants, il fallait être au courant, avoir lu ou s’être fait lire l’affiche apposée au district et dans la commune intéressée qui désignait les biens concernés et la date des enchères. Auparavant le particulier intéressé faisait une première soumission qui entraînait une première expertise, une évaluation officielle. Mais il fallait « être au courant ». Voilà pourquoi Pierre Denis, fermier du moulin, attendait de la visite.

Tout le monde connaissait la situation du dit moulin. C’était un bien régi par le citoyen Malherbe, fermier général de la ci-devant seigneurie de Sion, qui l’avait sous-affermé à Pierre Denis farinier

 

 Une lignée de meuniers

 Pierre Denis (1756 - 1797) avait pris la suite de son père décédé au moulin du château en 1786 à 76 ans. Le père Jan Denis (1710 - 1786) avait connu bien des moulins. Il était arrivé à Sion au moulin du château, venant de Noyal sur Brutz en 1751 avec son épouse Julienne Panaget. Successivement il est dit, lors de la naissance des enfants à Noyal sur Brutz, meunier au moulin de Guibeuf en Fercé au Mortier et à la Tricherie en Noyal. A compter de 1752, on affirme donc le moulin à eau de Sion, on loge au village tout près du moulin. Quant au grand père Mathurin vous avez deviné ce qu'il était. Meunier !

(On consultera en annexe (IV) l'arbre généalogique descendant de Mathurin et de son épouse Françoise Bardoul et et on portera un regard sur les nombreux moulins de Fercé)

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​La chaussée du moulin et le village du château. 

 

C’est là que Jan Denis venant de Noyal s’était installé en 1751. La Chère y est  barrée par une chaussée sur laquelle est bâti le moulin à eau. Accès au moulin par un chemin aboutissant à la chaussée

Le ménage Jan Denis - Julienne Panaget aura 14 enfants en 20 ans dont 10 nés à Noyal. Et l’on, ne s’arrête pas là. Quatre nouvelles naissances au village du château (1751, 1752, 1753, 1756…). 1756, c’est l’année ou naît Pierre, le petit dernier de la couvée, de la « couée » disait-on. Il prendra la suite à la mort de son père. Il restera à la tête du moulin une dizaine d’années. Il avait épousé en 1780 Julienne Leblay d’une famille de laboureurs à Chamblan en Sion. A cette époque le moulin à vent du dit lieu n’était pas encore construit. On habitait dans le village dit du Château.

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(Janvier 2015) 

La Chère déborde aux pieds du « village du château » dont on retrouve le plan des bâtiments à l’identique en 1844 au vu du plan cadastral  

 

Le moulin sur la chaussée ne servait qu’à moudre. La distance est courte – une centaine de mètres. Pour franchir la Chère, on empruntait la chaussée. Une famille nombreuse. 8 enfants de 1782 à 1798. Le petit dernier naît en 1798, cinq mois après la mort de son père âgé alors de 39 ans. Disparition brutale. Sa veuve poursuit comme meunière au moulin, elle élève ses enfants, fait tourner le moulin avec l’aide de ses deux aînés, des garçons qui ont 15 et 13 ans. Cinq ans plus tard, elle a 43 ans, toujours meunière, elle se remarie avec un jeune meunier Jean Rabu âgé de 24 ans. Était-il compagnon meunier au moulin où avait-on quitté le moulin à eau, le bail n’ayant pas été reconduit ?


C’est donc Pierre Denis qui attendait de la visite en ce mois de juillet 1796. On fit le tour du moulin et des dépendances et l’on estima ce qu'ils pouvaient rapporter (le revenu annuel).

- Le moulin proprement dit, une petite maison et la chaussée - 100 livres

- Un îlot au devant (entre la rivière et le déversoir) d’environ 60 cordes - 12 livres

- La prairie du moulin de 3 journaux et demi - 88 livres

 Restait à chiffrer le tout . Nos experts étaient venus pour cela « Déduction faite des impositions (de l’importance du nouvel impôt foncier nouvellement créé et du rôle de contributions), le dit bien produit un revenu net de 200 livres » L’ensemble est donc estimé valoir au denier vingt 4 000 livres. Détails intéressants. On apprend « qu’il était sous-affermé 600 livres par an en égard aux réparations du dit moulin et chaussée » Les a-t-on estimées avant de fixer le montant du bail ? On apprend aussi que « dans laquelle somme est compris le fermage du moulin à vent du Claray » [2]

Notre meunier tenait donc deux moulins et ne craignait ni le manque d’eau, ni l’absence de vent. Un bel exemple de binôme de moulins que l’on retrouvera en d’autres lieux (Hubert et Belle Etoile en Saint Aubin - Beauchêne en Rougé…)

Au vu des estimations, le moulin du Château était un gros moulin plus important que celui du Pont (3)

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[2] En 1786 le Prince de Condé avait acheté la seigneurie de Sion et les moulins qui en dépendaient : les moulins à eau du Château et du Pont, les deux moulins à vent de Queneuc et du Claray, autant de moulins qui dépendaient de la seigneurie du Grand Fougeray. Le plus récent construit après 1750 est celui du Claray qui a remplacé le vieux moulin à vent de Limèle (C Bouvet)

[3] « Le Moulin du Pont à Sion les Mines »  Roger Cavé

 

M. Bonnier

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